Voici trois histoires intéressantes concernant la mémoire des animaux, tirées du livre "Une mémoire pour la vie" d'Alain Sotto et Varinia Oberto.
"Mémoire d'espèce :
C'est une sorte d'instinct qui permet aux animaux d'agir sans le secours de la réflexion, pour accomplir des actes propres à leur espèce. Chacune possède sa mémoire particulière. Construire un nid, protéger les petits, trouver sa nourriture, se reproduire, se défendre. Tout cela ne s'apprend pas, ou presque.
Le tisserin africain est un petit oiseau qui, pour construire son nid, tisse des fibres végétales de manière fort élaborée. On a retiré de leur nid des oeufs, les donnant à couver à des canaris, à la suite de quoi les petits oiseaux ont été élevés hors de leur milieu naturel. Puis, quand est venu leur tour de nidifier, on leur a offert des nids tout faits. L'expérience s'est poursuivie sur quatre générations.
Les dernières couvées, à peine éclose, ont été replacées dans leur milieu naturel. Et les jeunes ont construit leur nid en utilisant les mêmes fibres, en les tissant de la même façon, leur donnant la forme de bourse spécifique à leur espèce. Or, en l'absence de leurs parents, ils n'avaient pu apprendre à le faire, ils n'avaient pu, par imitation, connaître la technique utilisée, les matériaux, la forme à donner au nid. Tout cela fait partie de la mémoire des tisserins, la mémoire de l'espèce.
[...]
Alex, une mémoire de perroquet :
Alex est un perroquet gris du Gabon qui, trente ans durant, fit l'objet d'une expérience d'apprentissage menée par une éthologue américaine. Alex identifiait une cinquantaine d'objets, connaissait sept couleurs, cinq formes et même quelques verbes. Il pouvait dire plus de cent mots et en comprenait huit cents. Il maîtrisait quelques chiffres également. Alex était capable de reconnaître les quantités jusqu'à six. "Cinq triangles", "trois balles", disait-il au vu des dessins qu'on lui présentait.
D'un objet, il énonçait la couleur, la forme ainsi que le matériau dont il était fait. Alex montrait ainsi qu'il avait acquis une compréhension des catégories sémantiques. Il maîtrisait la similitude et la différence. Regardant un carré et un rectangle verts, il répondait correctement aux questions "qu'est-ce qui est différent ?", "qu'est-ce qui est semblable ?".
Il avait mémorisé le concept ET. "Qu'est-ce qui est bleu et rond ?" lui demandait-on. Et il retrouvait l'objet parmi les nombreux autres qui lui étaient montrés.
Alex avait pareillement compris le concept de grandeur (petit, grand) et celui de relations des objets, puisqu'à la question "quelle est la couleur du plus petit ballon ?" sa réponse était sans erreur. Il avait intégré la notion d'absence. Quand on lui présentait deux objets semblables et qu'on lui demandait "qu'est-ce qui est différent ?", il répondait "rien". De même s'il devait trouver une forme qui n'existait pas, ou un objet qui n'était pas posé devant lui.
[...]
La mésange à tête noire et au gros hippocampe :
Plusieurs études ont montré que certains oiseaux, comme les mésanges, les sitelles, les geais buissonniers, ont une excellente mémoire. A la fin de l'été, ils stockent des graines dans des centaines de caches, arbres et buissons, sur leur territoire relativement étendu, et ils les retrouvent tout au long de l'hiver. A étudier leur cerveau, on remarque qu'ils ont un hippocampe très développé, plus volumineux que celui des oiseaux qui ne font pas de telles réserves. Or cette structure cérébrale joue un rôle central dans l'inscription durable des souvenirs, et spécialement dans la mémoire spatiale et topographique.
Le plus étonnant est qu'au moment de stocker la nourriture pour l'hiver, des neurones naîtraient dan leur hippocampe, pour mourir au printemps, avant de recommencer ce cycle au gré des saisons."
Pour aller plus loin...
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